Phallichthys fairweatheri (Rosen et Bailey, 1959)

 

 
Biotope
Description
Maintenance
Alimentation
Reproduction

 

Biotope :

Ma première rencontre avec Phallichthys fairweatheri remonte à avril 2002 au Guatemala, au point de pêche "Puente Angosto", sur le Rio Subin, dans le bassin de l'Usumacinta dans le nord-ouest du pays. Ce moment restera pour moi comme un des meilleurs souvenirs de cette expédition. A peine glissé dans l'eau, j'avoue avoir été hypnotisé par l'incroyable beauté de cet ovovivipare ; scintillant de mille feux sous les rayons du soleil... J'ai passé mon temps à les suivre dans les entrelacs de Cabomba et de tiges de nénuphars ; ratant lors de cette plongée la majorité des autres poissons présents dans ce Rio, pas moins d'une douzaine d'espèces de cichlidés et coté poecilidés, des Belonesox belizanus, Gambusia sexradiata et Poecilia sp. (mollies) : un eden pour voyageur aquariophile, Rio Subin, le Rio Sublime ! Dans ce biotope à l'eau cristalline et au courant léger les Phallichthys se rencontrent dans la couche d'eau supérieure, à l'abri de la végétation.

Les rencontres suivantes avec Phallichthys fairweatheri ont eu lieu au Mexique en 2004.
Tout d'abord, à 200 km au Sud de Cancun, dans la Laguna Ocom, en compagnie de Belonesox belizanus, Gambusia sexradiata, Poecilia mexicana et Xiphophorus maculatus pour les poecilidés. Les Phallichthys fairweatheri n'y sont pêchés que sporadiquement, exclusivement dans la végétation sous les berges. A noter que l'eau présente une conductivité élevée de 1336 µS et une température de 27.9°C (en fin d'après midi).

Le troisième site de capture, le Rio Pacaïtun, au Nord du Guatemala, comble l'intervalle entre le Rio Subin et la Laguna Ocom ; et permet de confirmer que l'aire de répartition naturelle de cette espèce est très vaste, au moins jusqu'a l'état du Tabasco au Mexique au nord. Une fois encore, les fairweatheri y sont pêchés dans une végatation dense. L'eau y est plus douce avec une conductivité de 656 µS et la température est de 25.1°C à 8h30 du matin. Les autres poecilidés du Rio sont Gambusia sexradiata, Poecilia cf. mexicana, Pseudoxiphophorus cf. bimaculatus et Xiphophorus maculatus.

Dans ces trois lieux de pêches, les cichlidés piscivores sont présents, mais les "Cichlasoma" salvini sont probablement ceux qui exercent la plus forte pression prédatrice, car les juvéniles et subadultes salvini sont pêchés dans les mêmes biotopes que les fairweatheri, cachés au milieu de la végétation.

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Description :

Phallichthys fairweatheri est une splendeur, assurément l'un des plus beaux poissons d'eau douce ; ce qui lui réserve un avenir doré dans le hobby...
Les males atteignent environ 4 cm (les grosses femelles 5 cm) et sont aisément identifiables à leur gonopode disproportionné, d'où découle leur nom de genre...
La forme du corps rappelle celle d'un platy en plus trapu ; la tête est très pointue. Le corps est bleu turquoise à vert sombre suivant l'humeur. Les flancs sont ornées de 6 lignes de points jaune-ocre. Les femelles gravides et les individus dominants présentent une grosse tache ovale bleue marine dans la région anale. Chez les individus dominés et les juvéniles, cette tache est souvent absente et/ou remplacée par de fines rayures verticales. Les nageoires dorsale et anale sont bordées de deux liserés, un blanc et un noir. L'anale et la caudale sont orangées, encore plus nettement chez les sujets originaires de la Laguna Ocom, ce qui nous a poussé en 2004 à ramener cette nouvelle souche en France ; alors que ceux du Rio Subin commencent à être très demandés malgré leur diffusion depuis 2 ans maintenant...

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Maintenance :

Il s'agit d'une espèce robuste qui s'accomode relativement bien à la captivité. Evidemment, vu ses biotopes d'origine, on peut déduire que c'est un poisson plutôt statique, qui vit caché dans la végatation. J'ai ainsi longtemps maintenu un groupe de reproducteurs dans un bac spécifique de 120 litres abondement planté. Mangés au départ dans ce bac, les alevins ont fini par survivre et grandir en compagnie de leurs ainés.
Les males sont toutefois assez vifs entre eux et dans des volumes restreints, il faudra s'attendre à voir dépérir les souffre-douleur.

Aujourd'hui, je maintiens ainsi cette espèce dans deux bacs, un de 240 litres en compagnie de Gambusia sexradiata, d'un couple d'Archocentrus spinosissimus et d'un couple de Crypypheros spilurus Lac Izabal ; et un de 600 litres en compagnie de Poecilia salvatoris San Lorenzo, Poeciliopsis gracilis Salama et Xiphophorus helleri Puente pour les Poecilidae plus un jeune couple deThorichthys socolofi Tulijà et 6 Geophagus crassilabris Ipeti pour les Cichlidae. Ces deux bacs sont plantés d'Anubias, Bolbitis, Cryptocorynes de grande taille, Microsorum ainsi que de nombreuses plantes flottantes, Ceratophyllum, Ceratopteris, Limnobium et Pistia. Si aucun alevin de Phallichthys fairweatheri ne survit dans ces bacs, le comportement est toutefois plus naturel et interessant à observer.

J'évite la maintenance avec des espèces à la morphologie ou au phénotype trop proche. Ainsi, évidement, les autres espèces du genre Phallichthys sont à banir. Ajoutons les espèces du genre Carlhubbsia (les alevins finement rayés se ressemblent), auquelles je rajouterai les Xiphophorus maculatus de forme naturelle.

Volume de filtration : 4 fois le volume du bac/heure,
Changement d'eau : 75% tous les 15 jours,
Lumière artificielle : 12h/jour (additionnée en milieu de journée de soleil pendant environ 4h/jour),
pH = 7.5 et conductivité = 750 µS.

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Alimentation :

Après 2 ans d'aquarium, 90% des poissons maintenus présentent une dégénérescence lipidique du foie, en d'autres termes, en 2 ans de vie captive, 9 poissons sur 10 présentent des signes d'obésité !
J'ai ainsi depuis des années pris pour habitude de nourir mes poissons 4 à 5 fois/semaine, ce qui évite les monstruosités obèses, tout en assurant un développement "normal et conforme" au standard des espèces dans la nature.

Pour les poecilidés, un jour de jeûne est aussi l'occasion, encore plus qu'à l'acoutumée, de brouter tous les éléments du décor, vitres, racines ou plantes, à la recherche d'algues et des animacules qui y vivent ; un comportement que l'on observe en continu dans le milieu naturel. Cette fréquence s'adapte très bien aux Phallichthys fairweatheri, mais peut toutefois s'avérer trop faible s'ils sont dominés dans le bac et ainsi incapables de tirer leur épingle du jeu lors des distributions.

L'alimentation est composée en alternance de préparation maison, mixée et congelée (~40% épinard, 20% crevettes entières, 20% moules ou mélange fruits de mer, 20% filet de poisson maigre, oeuf et céréales), de vers de vase, krill, artémias et paillettes à forte teneur végétale. Les proies vivantes constituent un met de choix fortement apprécié, on prendra juste soin a leur qualité sanitaire...

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Reproduction :

En elle même, elle ne pose aucun problème ! Toutefois, si la maintenance n'a pas lieu en bac spécifique, pour assurer la diffusion ou tout simplement la perennité de la souche, il est nécessaire d'isoler les femelles pour récupérer les 20-30 alevins d'une ponte. En effet, ceux-ci, à l'instar des Xiphophorus, préfèrent se cacher au fond plutôt qu'en surface comme le font les P. salvatoris ou Poeciliopsis. En bac d'ensemble, si ces derniers arrivent à se sauver en se faufillant dans les plantes flottantes, les jeunes Phallichthys fairweatheri sont eux victimes de la prédation.
Dès leur plus jeune age, les alevins possèdent les caractéristiques propres à l'espèce. Il va de soi que ceux-ci nécessitent une alimentation quotidienne de qualité, les naupliis d'artémias et autres nouritures vivantes de taille adaptée étant quasiment indispensables.

Ainsi, ils grandissent vite et les premiers males sont sexables dès 2 mois et la maturité sexuelle est atteinte en environ 6-8 mois.

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